Lucia ? C’est une jolie jeune fille, assez grande, et mince. Elle possède une peau assez claire, mais pas fantomatique non plus. Son visage possède des traits doux, malheureusement gâchés par son expression figée. Eh oui, c’est une esclave. Et les esclaves n’ont pas le droit d’être heureux ou en colère, ou d’être triste. Ils doivent se contenter d’obéir aux ordres de leur maître, de rester soumis. C’est d’ailleurs à force de devoir jouer à l’esclave parfaite que cette jeune fille ne parle pas souvent, ne réplique rien lorsqu’on l’insulte, qu’elle reste silencieuse. Et qu’elle garde les yeux baissés, aussi. Des yeux bleus comme la glace, constamment tournés vers le sol, avec cette discrète lueur mélancolique en eux. Ah, et elle ne sourit pas souvent, aussi. Voir même jamais. Sauf quand on le lui ordonne, mais là, ce n’est pas un vrai sourire. C’est juste qu’elle retrousse les coins de ses lèvres roses pour que cela ressemble à un sourire. Mais ce n’en est pas un. Ce n’est pas sincère. En fait, avec cette attitude passive, on n’arrive jamais à savoir ce à quoi elle pense. Si elle se dit que vous n’être qu’un idiot, ou qu’elle vous apprécie. On ne sait jamais si ses paroles sont honnêtes ou si elle le dit juste pour vous faire plaisir et pour éviter les ennuis.
Et puis, il y a ses cheveux. Ah, sa chevelure d’or ! Elle passe beaucoup de temps à l’entretenir… ou du moins tout le temps qu’elle a pour elle. Eh oui, des cheveux suffisamment longs pour atteindre le bas de son dos, ça demande beaucoup d’entretien. Et puis ça l’occupe, aussi. Et ça lui donne la sensation qu’elle peut faire un peu tout ce qu’elle veut. Ce qui est faux, évidement, et elle le sait. Mais elle ne peut s’empêcher de s’emparer du moindre détail lui permettant de rêver, de rêver à la liberté…

Et aussi, pour ceux qui l’observent plus attentivement, on peut remarquer qu’elle porte des vêtements extrêmement légers. Des robes courtes, des minijupes, des hauts laissant voir son ventre,… La liste est encore longue pour décrire son style vestimentaire. Enfin, ce n’est pas vraiment son style à elle. C’est simplement ce que ses maîtres lui ont ordonné d’enfiler. Des pervers ceux-là, pas besoin de le préciser. Mais il y a toujours un point commun dans ses différentes tenues : un serre-tête. Le seul objet qu’elle est parvenue à garder avec elle en arrivant dans ce monde. Ce dernier semble venir d’une autre époque, dans un style très futuriste. Mais je vous rassure, c’est du toc. Mais il y a tient beaucoup, il possède une grande valeur sentimentale à ses yeux. Car c’est son père qui le lui a offert peu avant ce coup de fil, et ces hommes en noir venus la chercher. Et bien qu’elle ne le porte pas en permanence, elle s’assure de toujours se souvenir d’où elle l’a posé, et de bien le cacher lorsqu’elle l’enlève, de peur qu’on le lui prenne…

Lucia ? C’est une jeune fille inexpressive. En tant qu’esclave, elle n’est pas autorisée à montrer ses sentiments. A montrer sa joie, ses colères, sa peine. Cela ne l'empêche pourtant pas de penser énormément, et pas toujours en bien d'ailleurs. Pourtant, son visage semble toujours éteint, comme pour tout le reste. Pourtant, elle a bel et bien des sentiments. Elle a bel et bien des émotions. Mais elle les cache. A cause de cela, elle semble aussi froide qu’un iceberg et aussi lointaine que l’horizon. Ce qui est pourtant faux. Elle est en réalité très douce et attentionnée envers ses proches, mais aussi très calme. Mais seuls les personnes les plus déterminées pourront découvrir cette partie d’elle. Car oui, cette esclave n’est pas facile à apprivoiser. Elle est devenue très méfiante depuis son arrivée dans ce monde, elle n’accorde plus sa confiance au premier venu. On ne sait jamais si elle vous aime réellement ou si elle sort quelques belles paroles à vôtre sujet pour éviter les ennuis et se débarrasser plus vite de vous…

Mais pour ceux qui ont finalement réussis à se faire qualifier d’amis dans l’esprit de Lucia, cette dernière devient…différente. Elle est alors très protectrice, voir même possessive, vient souvent leur rendre une petite visite, les observe avec attention pour déceler la moindre parcelle de tristesse… Et si elle vous voit au bord des larmes, elle fera tout pour vous consoler, absolument tout. Elle pourrait désobéir à son maître actuel pour cela, faire des meurtres, que cela ne la dérangerait pas plus que ça, tant que cette personne ira mieux. Elle pourrait rester une nuit entière à écouter les problèmes de ses amis et à le consoler, à l’apaiser… En somme, cette jeune fille est une amie fidèle et loyale, ou une alliée de poids, en fonction du point de vue…

Et puis, messieurs les pervers… vous la trouvez fragile ? A votre goût ? Je vous conseille d’abandonner vos idées noires de suite. En effet, derrière cette impression qu’on pourrait la briser physiquement et moralement en un rien, se cache une véritable bagarreuse. Déjà très sportive autrefois, elle pratiquait bon nombre de sports, dont la plupart de combats. Elle connaît donc déjà plusieurs techniques pour vous mettre K.O. d’entrée si vous n’êtes pas suffisamment préparé… Et je peux vous assurer que quand elle fait quelque chose, elle n’y va pas de main morte. Cela peut aller d’une simple tâche ménagère à, justement, un combat pour se protéger des vicieux… Et c’est d’ailleurs à force de faire du sport et des compétitions qu’elle a développé un esprit… eh bien, de compétition. Elle ne supporte pas que quelqu’un la surpasse dans un domaine ou un autre…

Ah, et accessoirement, elle aime beaucoup chanter. Et jouer de la harpe. Mais c’est accessoirement, car elle n’en a plus vraiment l’occasion depuis son arrivée dans ce monde, et elle ne l’a jamais révélé à personne. Je ne vais donc pas m’attarder là-dessus, mais sachez que c’était autrefois une passion pour elle, dépassant son amour du sport. C’était la seule chose qu’elle était capable de répéter inlassablement pendant des heures, sans jamais s’arrêter… D’ailleurs, l’entendre jouer un morceau tiendrait non seulement d’un miracle, mais cela serait également une manière de comprendre ce qu’elle ressent sur le moment. La musique est en quelque sorte le reflet de ses émotions…

Je suis née une belle nuit d'hiver, le 18 janvier pour être précise. Ma naissance se passa en campagne, dans un petit village à quelques kilomètres d'une grande ville. Mes parents ne purent aller directement à l'hôpital, car la ville était trop loin pour s'y rendre avant que ma mère accouche. Ce moment fut donc très douloureux pour celle-ci, qui soufra pendant plusieurs heures avant de finalement donner la vie à un magnifique petit bébé, moi. Mais la faiblesse dans laquelle j'avais laissé ma génitrice lui causa la mort. Mon père, bien que détruit par cela, se consola avec moi, la dernière chose qui lui restait d'elle.

Seulement, un militaire haut gradé tel que lui n'avait pas beaucoup de temps à me consacrer. Il était souvent absent, pour entrainer les nouvelles troupes. Le pays n'était pas en guerre, loin de là, mais comme on dit, si on veut la paix, il faut préparer la guerre. Chose qu'il appliquait avec soin. J'appris donc très tôt à me débrouiller seule, à faire la cuisine et le ménage, à me débrouiller seule, en somme. Ce n'était la vie dont un enfant pouvait rêver, certes, mais cela me convenait quand même. Après tout, mon père m'aimait, et il acceptait de m'acheter tout ce que je lui demandais, un peu pour se faire pardonner de son absence. Et parmi tout ses cadeaux, j'en avais demandé deux, qui me permettraient de faire passer le temps lorsque mon père n'était pas là et que je n'avais rien à faire : l'apprentissage de la harpe et des cours de chant. J'avais remarqué très tôt que j'avais du talent de ce côté-là. D'après mon père, je le tenais de ma défunte mère.
Sinon, ma vie était plutôt tranquille. Bon, je me faisais assez souvent persécuter par les autres enfants car je n'avais pas de mères, mais j'avais l'habitude. Je ne disais rien, je baissais juste les yeux, et pleurais intérieurement. Néanmoins, cela n'allait jamais bien loin. Jusqu'à un soir, du moins. Un soir, des garçons sont venus me voir, et se sont moqués de moi. Ça, je le supportais assez bien. Je les ai ignoré. Ça les a énervé, et ils ont commencé à insulter ma mère, pour essayer de me toucher. Là, c'est moi qui me suis énervée. Il n'avait rien à dire sur elle, ils ne la connaissaient même pas, ne l'avaient jamais vu ! J'ai commencé à les frapper. Ils me l'ont bien rendu. Ça a duré plusieurs minutes dans la cours de récréation, jusqu'à ce que des surveillants arrêtent la bagarre. Et je suis rentrée dans un sale état chez moi, c'était le cas de le dire. J'avais été seule contre plusieurs aussi, donc cela n'avait rien d'étonnant. Et c'est en voyant mon état que mon père décida de m'apprendre à me défendre. Pas juste les bases, non, il m'apprit tout. C'était un militaire, il ne faisait pas les choses à moitié. Il m'a apprit à me battre, à utiliser un pistolet, à immobiliser mon adversaire, et à taper là où ça faisait vraiment mal... Bref, si je sais aussi bien me défendre, c'est grâce à cet entrainement spartiate. Je dois vous avouer qu'au début je n'étais pas franchement emballée, mais ça c'est révélé utile plus tard, lorsqu'on disait du mal de ma mère et que j'envoyais une magnifique droite dans le visage de l'intéressé pour le calmer un peu.

Et ma vie se déroula ainsi, pendant plusieurs années, tranquillement. Une vie normale, en somme. Rien de particulièrement intéressant, mais rien d'ennuyeux non plus. Jusqu'à ce moment... qui bouleversa ma vie. Le téléphone a sonné, je suis allée décrocher.

"On va venir vous chercher"

Comme l'aurait fait n'importe qui d'autre, j'ai simplement raccroché. C'était un canular, simplement. Et puis, si quelqu'un venait réellement me chercher, qu'ils viennent, je les attendrais de pied ferme ! J'étais prête à les recevoir en beauté... et aussi à les virer de chez moi aussi sec.
Puis ils ont venus. Vraiment. C'était le jour de mes 17 ans, le 18 janvier. Mon père avait prévu de revenir à la maison ce soir-là, mais il était en retard. Quand la sonnette retentit, je déduisis simplement qu'il avait encore oublié ses clefs. Mais en ouvrant la porte, ce n'était pas mon père que je vis. C'était ces étranges hommes, tout habillés de noir. Là, ma vision devint floue. J'essayais de lutter. Je les voyais qui s'approchaient. Je tentais de les attaquer, de leur envoyer mon poing dans leur figure, en vain. J'étais beaucoup trop lente. Je perdis l'équilibre. Tandis que je voyais le sol s'approcher de moi, le noir obscurcit ma vision.

A mon réveil, j'étais dans cet étrange monde. Dans une cage. Je ne comprenais pas ce qui s'était passé. Ce fut un esclave qui m'expliqua ce qui arrivait à tous les humains venant du monde...normal. Au début, je n'y croyais pas. Mais petit à petit, tout ce que cet esclave m'avait expliqué prenait sens, et devenait la pure vérité quand je voyais tout ce qui se déroulait sous mes yeux. Puis on m'acheta. Mon premier Maître.
C'était quelqu'un de détestable, tout simplement. Certes, j'avais l'habitude de m'occuper d'une maison, mais il me faisait faire les tâches les plus ingrates possibles. Je pestais, en moi. Mais extérieurement, je ne disais rien, baissais les yeux, obéissais simplement et ne parlais que lorsqu'on ne m'en donnait la permission. De nombreux coups de fouet m'avait appris qu'il valait mieux avoir ce genre de comportement docile si je tenais à moi.

Je réussis malgré tout à le faire craquer, mon premier Maître. Il me rendit au marché d'Esclave, par je ne sais quel moyen. Et les maîtres et maîtresses se suivirent, les uns après les autres. Tous les mêmes. Tous des idiots. Mais j'arrivais tous à les faire craquer, mais pas directement. Avec subtilité et ruse. Sinon je me faisais punir. Et ce n'était pas franchement très agréable...

Et la vie continua pour moi... un cycle sans fin, toujours se faire acheter par un maître ou une maîtresse odieux, pour ensuite les faire craquer à ma manière, retourner en cage, et se refaire acheter...